Triez,
prenez de la peine,
c’est le déchet qui manque le moins !
|
Cela fait quelques années
que le tri des déchets ménagers s’est imposé dans notre vie
quotidienne. Je parle ici du moment où nos autorités
communales (2002 pour les Namurois !) ont pris des mesures
sérieuses pour obliger les gens à trier ces mêmes déchets.
Bien sûr, je sais que certains avant-gardistes s’amusaient
déjà bien avant cela à convertir leurs déchets
biodégradables en compost et qu’un service communal ou autre
passait de temps à autre pour ramasser les vieux papiers, la
vieille ferraille ... Mais c’étaient des gouttes d’eau dans
la décharge. |
J’avais un copain à l’univ
qui était légèrement obsédé par la collecte des vieux
papiers. Il faut dire que dans sa paroisse, que je ne
citerai pas (indice : c’est devenu le fief de Jean Coulonval),
on collectait et on revendait à l’industrie les vieilles
gazettes dans le but d’offrir des cougnous aux villageois
pour Noël (assez émouvant, n’est-ce pas ?). On triait donc
déjà au début des années 80, mais cela restait malgré tout
assez discret.
Au sein de notre institut,
j’ai retrouvé le même genre d’obsession chez un de mes
collègues, prof de langues lui aussi. Est-il utile de le
citer ? Allez oui, pour les nouveaux collègues ou les
lecteurs extérieurs qui ne sont pas obligés de le côtoyer au
quotidien, je livre son identité en pâture : Daniel
Poncelet. Lorsque j’ai abordé avec lui le sujet brûlant de
l’origine de ce fanatisme papetier, il m’a simplement
répondu qu’il avait un gène (non, pas une gêne, un gène !)
en plus que nous : celui du rangement. Je reprends ses
termes : « petit-fils d’organisé, fils d’organisé et
organisé moi-même, … ». Je vous fais grâce du reste du
discours délirant de notre éminent collègue. |
 |
Le
fanatisme papetier : une menace pour les
bureaucrates, l’administration et la presse qui
continuent à dévorer des tonnes de papier chaque
année. Daniel Poncelet nie toutefois toute
implication dans les récentes pannes des
photocopieuses. |
|
A l’IESN
Qui ne se souvient pas de
l’arrivée à l’institut de la batterie de poubelles destinées
au tri : les grandes poubelles bleues pour les PMC, les
petits cageots grillagés pour les papiers. Bien vite, il
s’est avéré que ces poubelles installées un peu partout se
remplissaient de déchets de toute nature. De plus, leur
contenu se retrouvait par après dans le même conteneur qui
était à son tour déversé dans le même camion à ordures. Rien
ne sert de trier si c’est pour tout mélanger plus tard !
A cette époque, plusieurs
facteurs ont sans doute contribué à l’avortement du tri dans
notre institut : le tri des déchets venait de commencer à
Namur et n’était pas encore entré dans les mœurs, nous
avions des étudiants en provenance de régions défavorisées
où le tri n’existait pas encore, et surtout un manque
général de bonne volonté.
Les années ont passé et le
tri des déchets est devenu partie intégrante de notre vie
quotidienne et de celle de la plupart des étudiants.
Personnellement, je ne crois pas que ce soient les bons
sentiments mais plutôt les prix des sacs jaunes destinés aux
déchets ménagers (1 € par sac de 60 litres et 0,50 € pour un
de 30 litres) qui ont poussé nos concitoyens à se plier à ce
nouveau mode de vie. Le prix des sacs bleus pour les PMC
étant beaucoup plus abordable, on a tout intérêt à les
utiliser au maximum pour se débarrasser des ses boîtes de
conserve, bouteilles de plastique, … Idem pour les papiers.
Il faut se dire que jadis, ces papiers et PMC, sans oublier
les verres ou bouteilles vides, se retrouvaient bien souvent
dans les mêmes sacs : ceux des déchets ménagers. Sommes-nous
dès lors mûrs pour mettre en œuvre le tri au sein de notre
institut ? Les choses semblent vouloir bouger…
La cafétéria
La cafétéria étant
l’endroit où beaucoup d’étudiants prennent leur repas ou
boivent un verre, il est logique que l’on y retrouve aussi
leurs déchets. Au début de ce siècle, la cafétéria était
gérée par Philip Goetynck. Je suis parti à sa recherche.
Pour le retrouver, j’ai fait appel à mon réseau
d’informateurs secrets, et là où Interpol, « Perdu de vue »
et « Child Focus » avaient échoué, J’ai réussi à le dénicher
(bien joué, Iesnews !) dans une petite rue du centre de
Jambes.
|
 |
Iesnews a retrouvé la trace de Philip Goetynck !. |
|
Les
poubelles, Philip connaît ! Il pourrait en parler des
heures. Il m’a offert une cannette (ça ne s’invente pas !)
en m’expliquant : « A l’époque, je ne triais que les
cartons. Pour les cannettes, c’était impossible. Tous les
déchets se retrouvaient dans les mêmes poubelles et nous
n’avions pas le temps. J’aurais dû engager quelqu’un de plus
pour cela ! Il y avait beaucoup de déchets en provenance de
l’extérieur et de la boulangerie à côté. |
Je disposais d’un conteneur et l’autre était
pour l’école. Mais beaucoup de poubelles étrangères à la
cafet se retrouvaient dans mon conteneur. Je crois qu’il
était vidé au même rythme que celui de l’école. C’était
assez cher. Un jour, j’ai mis un cadenas sur mon conteneur,
mais l’école me l’a fait enlever. Cela avait créé des
polémiques. L’argument de la direction était qu’il y avait
des déchets en provenance de la cafétéria dans les poubelles
de l’école et qu’il était donc logique qu’on puisse les
déverser dans mon conteneur ». |
Les
choses ont-elles évolué depuis la reprise de la cafétéria
par le gérant actuel ? L’ayant interrogé à ce sujet, il nous
a confié : « Oui, nous trions les déchets. Avec les
poubelles de table, nous pouvons récolter les cannettes.
Nous mettons les sacs bleus dans la rue Calozet lors des
passages prévus. Evidemment, il y a beaucoup de déchets qui
viennent de l’extérieur ». Et les distributeurs ? « Nous
bénéficions des revenus du distributeur qui se trouve sous
la cafétéria. L’autre, dans la cage d’escalier, c’est pour
l’école ». Pour ce qui est des conteneurs sur le parking, il
nous dit : « nous avons un des deux conteneurs pour la
cafétéria. Un camion vient le vider une fois par semaine,
deux fois pour celui de l’école. Nous payons directement la
société qui s’en occupe. Nous avons dû placer un cadenas sur
le conteneur, car nous y retrouvions des sacs ou autres
déchets déposés par des passants. En effet, les conteneurs
sont visibles et assez proches de l’avenue des Croix du Feu.
Un jour, on y a trouvé un évier !». C’est évidemment le
revers de la médaille : une des conséquences regrettables du
prix des sacs est le dépôt sauvage d’ordures, et ce malgré
une répression assez forte de la part des autorités.
|
Quelques réflexions
Une
réflexion que l’on peut se faire, c’est que les boissons à
la cafétéria se vendent pour la plupart au verre ou en
bouteilles consignées. Pourquoi dès lors proposer des
cannettes ? Ne sont-ce pas des (mauvaises) habitudes créées
au cours des deux dernières décennies ? Nous avons presque
tous connu l’époque d’avant les cannettes en métal. Et il ne
me semble pas que cela nous manquait. Evidemment, j’imagine
qu’il y a de gros intérêts financiers en jeu et je ne
souhaite évidemment pas que la faillite d’une firme comme
Coca-Cola soit imputable à notre seul institut.
Avoir
des distributeurs de soft-drinks, cela signifie aussi que
l’on peut s’attendre à retrouver les cannettes dans toutes
les poubelles de l’institut, et même en dehors de celles-ci.
Idem
pour les petits journaux « Métro » qui sont proposés
gratuitement aux étudiants : on en retrouve dans tous les
locaux de classe, sur les tables, dans les poubelles, ...
Bien entendu, je ne conteste nullement leur utilité
intellectuelle ou culturelle, mais je crois que pour cet
exemple précis, des poubelles destinées aux papiers
s’imposent. Placer des poubelles qui permettent de trier,
c’est bien, mais il faudra accompagner le projet d’une
campagne de conscientisation, en affichant par exemple des
petits avis.
|
 |
Pascale Huybens, une des initiatrices du projet
de tri des déchets à l’IESN, réussira t’elle à
remettre cette cannette insolente sur le droit
chemin ? |
|
Du
concret !
Santiago Fischer, responsable de la communication de l’IESN,
a eu la bonne idée d’inviter les gens du BEP. Non, il ne
s’agit pas du Bataillon Etranger Parachutiste, unité
mythique de la Légion Etrangère qui a combattu en Indochine
(Diên Biên Phu) et en
Algérie, rebaptisée plus
tard (1955) en 2ième REP, et basée à Calvi en
Corse – toutes mes excuses pour cette petite diversion –
mais tout simplement du Bureau Economique Provincial.
Santiago, disais-je, a donc invité ces para-commandos du tri
à l’IESN. Nathalie Lemaire et Pol Laurent sont venus nous
expliquer la stratégie à suivre dans des établissements
comme le nôtre.
A
quoi pouvons-nous nous attendre concrètement ? Le 9 mars
prochain, Nathalie viendra informer tout le personnel de l’IESN
à ce sujet (de 12h15 à 13h15).
Le
lancement officiel du tri sélectif est quant à lui prévu
pour le 24 avril.
Autre action concrète : Pascale Huybens nous fait savoir que
les profs de langues disposeront de DVD fournis par ce même
BEP. Ces documents traitent du tri des déchets et leur
permettront d’aborder le sujet en néerlandais ou en
allemand. Une occasion donc d’allier le pédagogique à
l’utile ! Le cours de néerlandais ou d’allemand touche
potentiellement toutes les sections à l’exception du
Régendat en Economie familiale et sociale et des premières
années en Automatique et en Technologie de l’Informatique.
Pour le Régendat, c’est tout réglé : Michel Marée, également
impliqué dans le projet, s’en chargera. Le DVD étant
enregistré dans les trois langues nationales (donc également
en français), les profs de communication ou d’éthique
pourraient s’en servir en 1ère TI et en 1ère
Automatique. Restera ensuite à convaincre les irréductibles
parmi les profs, le personnel et la direction !
Je
souhaite donc bonne chance à Pascale, Santiago, Michel et à
vous tous pour mener à bien ce projet ambitieux.
Philip Vervinckt |
|